Wout Van Aert, l'invité surprise du Tour qui s'est mué en sprinter
Sa victoire d’étape, Wout Van Aert lui donne plus de valeur que ses trois titres de champion du monde de cyclo-cross
- Publié le 15-07-2019 à 20h50
- Mis à jour le 16-07-2019 à 09h06
Sa victoire d’étape, Wout Van Aert lui donne plus de valeur que ses trois titres de champion du monde de cyclo-cross
“Peu après avoir franchi la ligne et levé les bras en vainqueur, je me suis dit : ‘Oei, qu’est ce que tu as fait ?’ . Je n’étais plus si sûr de ma victoire… Heureusement, même si ce n’est que de quelques centimètres, mon avantage était suffisant pour battre Viviani.” En apprenant son succès, au terme d’une 10e étape à nouvelle folle, Wout Van Aert avait d’ailleurs hurlé sa joie et lancé en l’air le bidon qu’il venait de vider d’un trait après que son soigneur le lui eut donné. Puis il était tombé dans les bras de son équipier Steven Kruijswijk, le leader de son équipe.
L’Anversois venait de conquérir la troisième victoire d’un Belge sur cette 106e édition du Tour de France particulièrement endiablée. Après ceux de Dylan Teuns et Thomas De Gendt, celui de Wout Van Aert restera aussi comme un des moments forts de la Grande Boucle 2019.
“Pour moi, cette victoire d’étape, c’est la cerise sur un très beau gâteau, je ne peux pas le dire autrement, avoue le Belge. J’ai vraiment apprécié mon début de Tour de France, enfin, notre début de Tour de France. Nous avons gagné quatre étapes en dix jours ! Nous avions des attentes élevées en venant ici, mais nous ne pensions jamais à cela. Nous avons réalisé plus encore. Mike Teunissen (NdlR : vainqueur à Bruxelles après la chute de Dylan Groenewegen) et moi avons montré tous les deux que dans des circonstances inattendues, nous pouvions tirer parti de la force de l’équipe pour gagner aussi d’une autre manière que celle planifiée.”
Pour que Van Aert gagne à Albi, il fallut des circonstances favorables, comme cette étape longue, survenant après dix jours de course difficiles, avec une finale endiablée, au terme de laquelle la vélocité des purs sprinters encore présents était sans doute un peu émoussée. Le Belge avait aussi les coudées franches pour jouer sa propre carte, du fait de l’absence de Dylan Groenewegen, le sprinter n°1 de Jumbo-Visma.
“La fin de l’étape a été super nerveuse”, racontait le triple champion du monde de cyclo-cross. “Finalement, ces bordures nous ont placés dans une mauvaise situation, car on voulait jouer la carte de Dylan (Groenewegen) et George (Bennett) n’était pas dans le groupe de tête lui non plus. J’ai donc décidé de tenter ma chance. J’avais appris de mon sprint précédent que je ne devais pas trop attendre. Je savais que je devais profiter de ce petit tape-cul à 400 mètres pour lancer le sprint. J’ai commencé plus tôt cette fois. Je pensais que j’avais course gagnée, mais Viviani est revenu et ça a été un sprint serré jusqu’à la ligne.”
En quelques semaines, l’Anversois s’est mué en sprinter particulièrement efficace. Après sa victoire au Dauphiné, il confirme à un niveau bien supérieur.
“Avant, je pensais que les sprints étaient un peu fous, c’est toujours vrai”, disait-il, “mais le feeling est différent quand on a la capacité de lutter contre eux. Les années passées, je n’avais pas la puissance pour les battre. Le fait que les sprints soient fous, c’est aussi lié à la bagarre pour le positionnement. Aujourd’hui, ce n’était pas compliqué, j’ai choisi la roue de Peter Sagan et de fait, ça s’est avéré assez facile.”
Il y a deux mois encore, Wout Van Aert ne devait pas courir le Tour de France. Quand il en avait reçu la proposition de son équipe, il avait voulu demander l’accord ou le conseil de son épouse, Sarah.
“Je lui ai déjà téléphoné, elle était très émue, moi aussi”, poursuivait-il. “Je voulais le faire le plus vite possible, notre attaché de presse m’a donné son téléphone près du podium et je l’ai appelée. Si je n’avais pas été là, j’aurais eu quelques jours de repos et ces jours-ci, je serais sans doute parti en altitude pour préparer les courses du mois d’août. Je suis vraiment très heureux d’être ici. Je prendrai des vacances après le Tour puis je préparerai la saison de cyclo-cross.”
Car l’Anversois veut poursuivra sa carrière sur deux fronts même s’il mesure de plus en plus la grandeur de la route par rapport au cyclo-cross.
“J’ai gagné beaucoup en hiver, mais une victoire d’étape dans le Tour, ça se place au-dessus de tout, même de mes trois titres de champion du monde de cyclo-cross”, avouait-il. “C’est une sensation exceptionnelle, je ne peux le croire, j’ai battu ici pratiquement tous les meilleurs sprinters du monde.”